Le Journal de mon Père
« Ca fait combien d'années, hein ? »
Troisième titre de Jiro Taniguchi de ma bibliothèque, Le Journal de mon Père est un manga que l’on pourrait presque qualifier d’autobiographique lorsqu’on lit la postface écrite par l’auteur lui-même. L’intrigue se place dans sa propre ville natale et après une longue période d’absence du personnage principal, période d’absence qu’a également vécu Jiro Taniguchi.
L’histoire débute donc au retour du personnage principal, Yoichi, dans son village natal pour le décès de son père, après 15 ans d’absence. C’est lors de la veillée funèbre et des obsèques que l’on va découvrir le passé de cette famille déchirée par un divorce et un gigantesque incendie. Les événements se déroule dans la ville de Tottori. Au cours des années 1950, un incendie réduit la ville en cendres. Ce brasier va doucement commencer à consumer la famille de Yoichi et conduire au divorce de ses parents dont il ne se remettra jamais. Il attribue cette séparation à son père, bien trop occupé à travailler pour subvenir aux besoins de sa famille pour prendre soin de sa femme. Mais en découvrant un passé qu’il était trop jeune pour connaître ou pour comprendre, Yoichi va prendre conscience de son erreur et du mal qu’il a fait à son père en coupant tout dialogue avec lui.
Le reste de l’histoire reste à découvrir mais, une fois encore, Taniguchi nous enchante par sa maîtrise de la narration et du dessin, servie par sa connaissance du lieu. Comme pour Quartier Lointain, l’auteur a situé son récit dans une région qu’il connaît pour y être né et on obtient alors un scénario teinté d’authenticité et terriblement concret. Partant d’une histoire qui peut sembler banale, Taniguchi transcende les sentiments de cette famille et de son protagoniste principal pour nous donner l’envie de chérir les êtres qui nous sont chers avant qu’il ne soit trop tard, pour nous faire comprendre que les liens familiaux sont les plus importants.
Edité par Casterman, Le Journal de mon Père a bénéficié de la même qualité d’édition que les autres titres parus dans la collection Ecritures. Cependant, on regrettera que l’éditeur ait conservé le sens de lecture français et que certaines planches aient des problèmes d’impression, dommageable pour un livre à ce prix-là. Ceci dit, ce titre doit faire partie de votre collection. A lire absolument !
Chronique publiée le
19
février
2006
par Christophe SAUVEUR