Force est de constater que le nombre d’ouvrages ou d’articles traitant du thème des manga et des anime est en forte augmentation depuis quelques temps, chose heureuse dans un marché français qui a explosé ces dernières années et où des titres de tous bords se côtoient dans une confusion généralisée. Il était temps de mettre un peu d’ordre dans tout ça. Ecrit par un collectif d’auteurs composé de journalistes, de dessinateurs, de réalisateurs et j’en passe, le Guide Phénix du Manga édité par les éditions Asuka tire son nom du manga Phénix d’Osamu Tezuka, mais est-il vraiment la référence comme le prétend son sous-titre ?

Le constat est mitigé, certes aucun ouvrage à ce jour n’avait compulsé la masse d’informations que l’on peut retrouve ici. Mais la quantité ne fait pas toujours la qualité. Le livre est décomposé en deux grandes parties bien distinctes : une étude sur les origines et le marché du manga puis un index de toutes les parutions françaises à la date de la publication.

Le contenu rédactionnel

Fort de son collectif d’auteurs, le Guide Phénix recoupe un très grand nombre d’informations et permet ainsi d’aborder l’ensemble des composantes du manga, que cela soit les origines, les thèmes récurrents ou encore le positionnement du marché en France et au Japon. Malheureusement, du fait de son grand nombre d’auteurs, le guide tombe également dans un des pièges de ce type de forme d’écriture à plusieurs : la redite. Les mêmes précisions sont régulièrement rapportées et il est fréquent que l’on se demande si les auteurs se sont réellement consultés avant de rendre leurs textes. Chose plus grave, il arrive également que des informations soient contredites. L’exemple le plus flagrant vient de la traduction du terme « manga ». Tout au long du guide, on nous informe que « manga » signifie « images dérisoires » et ce n’est qu’à la page 236 qu’une véritable étymologie nous est proposée et nous apprend que son sens pourrait en fait être assimilé à celui du mot « recueil ». Voilà de quoi ternir l’image de cette « référence » !

D’autres critiques me viennent à l’esprit comme par exemple le nombre incalculable de fautes de frappe ou de mots supprimés, en trop, inversés, etc… Des noms d’auteurs sont parfois écorchés ou tout simplement faux. C’est ainsi que la légende au pied de la page 42 nous apprend que Nana est l’oeuvre d’une certaine Ai Yawara !! Ce genre d’erreur est certes possible ponctuellement mais une véritable relecture aurait pu en éradiquer la plupart et ça n’est visiblement pas le cas ici.

L’index

Véritable encyclopédie du marché français de l’édition manga, cet index s’avère indispensable pour qui souhaite obtenir des informations précises sur les titres qui ont été édité par le passé. Difficile de savoir si des erreurs ont pu être commise dans cette énorme masse d’information mais il est en revanche très simple de retrouver un titre grâce aux listes des manga triées par auteur, genre ou titre et disposées à la fin du livre. Anime Story : plus produit ?

Anime Story est un DVD sensé retracer l’histoire des anime mais si je ne l’ai pas mis en avant jusqu’à présent c’est qu’à mon sens il s’agit surtout d’un coup publicitaire de la part de Kaze, qui s’est associé avec Asuka pour cette partie, et en rien un « récapitulatif de l’histoire de l’anime ». Dommage pour un ouvrage qui se voulait de référence.

Au final…

… qu’en est-il du Guide Phénix du Manga. Et bien, il s’agit d’un livre très important et que tout amateur éclairé devrait avoir dans sa bibliothèque. Malgré les nombreuses erreurs, il n’en reste pas moins un produit très abordable et qui contribue à donner aux manga leur véritable image auprès du public en rejetant le fameux « sexe et violence » qui leur colle encore à la peau. Et pour un prix relativement faible, vous ne devriez pas vous priver. D’autant plus que les éditions Asuka ont fait preuve d’une réelle humilité en confiant la rédaction du guide à une grande partie de l’équipe d’AnimeLand et en leur laissant toute latitude quand à la sélection des titres l’illustrant.

Chronique publiée le 19 février 2006
par Christophe SAUVEUR