« Moi, je vais mourir... »

Dernière publication française de Jirô Taniguchi, paru en septembre dans la collection Ecritures de Casterman, Un Ciel Radieux constitue une nouvelle incursion pour l?auteur dans l?univers fantastique. Voici le résumé présent sur le rabat de la couverture :

Une nuit, Kazuhiro Kubota, père de famille et employé surmené, percute un jeun motard, Takuya Onodéra. L?un meurt rapidement, l?autre survit miraculeusement. Lorsque Takuya sort du coma, sa famille découvre, déconcertée, que non seulement, il souffre d?amnésie, mais qu?il semble aussi avoir changé de personnalité? La conscience de Kazuhiro Kubota vient de se réveiller dans le corps du jeune homme, comme si une ultime occasion de comprendre ce qui comptait réellement dans sa vie lui était offerte. Mais le temps presse : Takuya retrouve sa mémoire petit à petit, tandis que l?esprit de Kazuhiro tente de reprendre contact avec sa famille. Et la cohabitation des deux âmes dans un seul corps s?annonce difficile.

Comme toujours avec Taniguchi, le voyage est beaucoup plus important que la destination. Bien que l?issue du scénario soit prévisible dès les premières pages, le parcours que vont suivre les deux hommes l?est un peu moins. Le thème de la possession / personnalité altérée avait déjà été utilisé par l?auteur dans Quartier Lointain, mais le contexte diffère radicalement.

Loin d?être une pâle copie de Quartier Lointain, Un Ciel Radieux reste cependant en retrait des autres titres majeurs de Taniguchi parus chez nous. La faute probablement a une histoire à la fois trop simple et également trop dispersée. Beaucoup de pistes pour des extensions de l?univers des personnages ont été mises en place, mais peu ont été menées au bout. Qu?est-il arrivé à la mère naturelle de Takuya ? Que vient faire cet homme dans la maison de Kubota ? Certes il s?agit d?éléments extérieurs qui permettent de déclencher des événements marquants pour les protagonistes principaux, mais cela crée en contrepartie des creux de narration et des ensembles superflus. Heureusement pour nous, la magie graphique de Taniguchi suffit à elle seule à créer l?émotion. Si vous êtes amateur du style du maître, ne vous gênez pas, Un Ciel Radieux vous comblera malgré ses petits défauts.

Chronique publiée le 15 octobre 2006
par Christophe SAUVEUR