Hikaru no Go - Vol. 23 (fin)
« Cet enfant me poursuivra-t-il désormais ? »
Il y a bientôt deux ans de cela, j’écrivais ma première chronique de ce site sur le volume 12 d’Hikaru no Go. Onze tomes nous séparent depuis, et ces 23 moments d’histoire nous ont appris ce qu’était le go. Retour sur un manga passionnant…
Hikaru SHINDO est un jeune collégien japonais de 11 ans. Alors qu’il joue avec son amie Akari dans le grenier de son grand-père, il tombe sur un vieux goban, équivalent de l’échiquier dans le jeu de go. C’est alors qu’un être désincarné fait son apparition devant lui : Saï FUJIWARA, le plus grand joueur de go de tous les temps. Mort depuis 1000 ans, Saï rêve de pouvoir rejouer à son jeu favori. Il entraîne donc le jeune Hikaru à la découverte de ce jeu de stratégie ancestral. Et il va se révéler être un très bon élève.
Véritable ovni à son arrivée sur le marché en novembre 2002, Hikaru no Go a su rallier à lui un large public notamment grâce aux magnifiques dessins de Takeshi OBATA. Mais c’était sans compter sur le scénario finement travaillé de Yumi HOTTA. Le tandem d’auteurs a su captiver dès le départ grâce à un principe simple : l’identification. Hikaru est un jeune garçon de 11 ans, naïf, spontané et surtout ignorant tout du go. Du fait de l’ignorance d’Hikaru, n’importe qui peut alors se fondre dans le personnage et progresser en même temps que lui. Ce phénomène a également entraîné un énorme engouement pour la pratique du jeu de go, ce qui a offert une exposition non négligeable à la fédération française. Le jeu de go est très connu dans les pays asiatiques, qui comprennent logiquement les meilleurs joueurs mondiaux, mais il reste marginal dans les pays occidentaux.
Hikaru no Go est un manga passionnant comme je le disais. Passionnant car différent de la production du moment, passionnant car proche de nous, passionnant car rempli de mystère. Jusqu’où va aller Hikaru ? Tout le succès du manga ne peut bien évidemment pas reposer sur son seul personnage. C’est là qu’entre en jeu Akira TÔYA. Alors qu’il entre dans un club de go pour faire jouer Saï, Hikaru cherche du regard un enfant et voit Akira à une table. Les deux garçons du même âge commencent alors à jouer. Mais malgré ses capacités de joueur exceptionnel, Akira doit s’incliner devant la puissance de Saï. De ce moment va découler la plus grande confrontation du manga au cours de laquelle Akira n’aura de cesse de poursuivre Saï dans l’ombre d’Hikaru. Tout comme nous.
Mais voilà, il ne s’agit pas d’un conte de fée, et tout n’est pas rose au pays d’Hikaru. Excellent shônen, Hikaru no Go a su démontrer ses qualités au fil du temps : un graphisme somptueux, un scénario bien construit, des personnages attachants et charismatiques et un mysticisme très japonais. Le titre reprend l’ensemble des valeurs qui constituent le genre shônen : abnégation, don de soi, courage, amitié, épreuves de force, etc… Il en a malheureusement repris les inconvénients. Quoi de plus répétitif qu’une succession de combats par exemple ? Hikaru no Go Go ne comprend aucune violence physique, mais l’épreuve de force se déroule sur le goban. Un combat en amène souvent un autre avec un ennemi plus fort. Mais le héros le battra toujours car il aura progressé. Le schéma reste le même dans Hikaru no Go. Et malgré la justesse des échecs qu’Hikaru dans ses débuts, qui entraîneront doutes et frustrations, il arrivera un moment dans les derniers volumes où les situations à chaque fois similaires se seront répétées trop souvent.
Comme toujours, il est parfois bon de s’arrêter en pleine gloire plutôt que de tirer sur la corde. Beaucoup partagent mon sentiment qui est de penser que le dernier arc narratif de la coupe Hokuto n’a servi à rien. D’autant que beaucoup de questions cruciales ont été abandonnées au fil du temps, comme savoir ce qu’est véritablement le coup divin dont Saï nous parle depuis le début de l’histoire. Existe-t-il seulement ou n’est-ce encore qu’une question de foi « religieuse » ?
Quoiqu’il en soit, malgré ces quelques critiques qui viennent ternir la fin de l’histoire d’Hikaru no Go, le titre reste parmi les meilleurs shônen de par son originalité et sa qualité d’ensemble. N’hésitez donc pas si d’aventure vous envisagiez de vous le procurer.
Chronique publiée le
07
octobre
2006
par Christophe SAUVEUR