Voilà maintenant deux ans qu’Hitoshi Saitô, jeune interne, a entamé la ronde des services de l’hôpital d’Eiroku. Avec ce neuxième volume, il intègre le service de psychiatrie où sont traités les personnes atteintes de maladies mentales telles que la schizophrénie… pardon le « trouble psychique de la dissociation ». En deux ans, le petit interne des débuts a eu le temps de se forger une certaine expérience du métier et ses choix se révèlent plus justes et ses prises de conscience plus rapides qu’auparavant. Cependant, une certaine naïveté propre à tout débutant reste bien palpable au fil des pages et le rendent touchant et non plus agaçant comme cela pouvait être le cas au début du manga.

A présent, le docteur Saitô ne tente plus de révolutionner la médecine mais travaille plutôt à faire évoluer les mentalités dans les services qu’il traverse pour le bien de ses patients directs, dans l’espoir que son passage laisse une empreinte sensible. De même, comme cela avait déjà été amorcé au cours des volumes précédents, sa vie privée et les problèmes qu’il y rencontre prennent de plus en plus de place dans le récit. Preuve s’il en est que le scénario évolue vers une nouvelle phase plus introvertie et moins rageuse. La rage de vaincre laisse la place aux doutes sur le devenir de sa propre existence et sur ses limites.

Cependant, le but avoué de Say Hello to Black Jack est de révéler une partie des dérives du système médical japonais. La motivation reste la même, les méthodes changent. Saitô ne sera plus l’étincelle mais bien la poudre. Dans ce tome 9, nous faisons la connaissance de monsieur Kadowaki, journaliste d’investigation qui tente depuis dix ans de mettre dans la lumière un certain nombre de maladies mentales laissées dans l’ombre et souffrant d’une forte discrimination. Il apparaît évident à la lecture que ce personnage a des révélations à faire et que sa relation avec Saitô risque de donner quelque chose d’explosif à l’avenir.

Probablement le volume le plus intéressant depuis le début du manga, ce tome 9 n’est pourtant pas simple d’accès. Mais les dessins de Syuho Sato nous facilite la tâche et nous entraîne dans cette réalité pas si virtuelle où les fous ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Say Hello to Black Jack poursuit son petit bonhomme de chemin et vous devriez vous lancer sur ses traces.

Chronique publiée le 05 janvier 2006
par Christophe SAUVEUR