Pompoko
Si certains d’entre vous pensent que le Studio Ghibli se résume à Hayao Miyazaki, ils oublient son comparse de toujours, le réalisateur Isao Takahata. Deuxième pilier du studio, l’homme est notamment à l’origine de l’émouvant Tombeau des Lucioles et de l’inclassable Mes Voisins les Yamada pour ne citer que les plus connus dans nos contrées. C’est en ce début d’année qu’est parachuté sur nos écrans Pompoko, long métrage réalisé en 1994 par Takahata.
En 1967, la ville de Tokyo décide d’un plan d’urbanisation à grande échelle pour lutter contre une crise du logement toujours plus importante. C’est ainsi que la colline de Tama se voit « remodelée » pour satisfaire aux exigences des humains. Mais c’était sans compter sur les tanuki, animaux traditionnels japonais, mélange entre le raton laveur et le renard, qui habitent ce qui était encore des prés et des champs avant de se transformer en un immense chantier de construction. Leur habitat naturel se voit ainsi défiguré à coups de pelle mécanique. Et ils décidèrent de partir en guerre !
« Féerie engagée », voilà comment on pourrait décrire ce film. Isao Takahata nous emmène dans un monde idéalisé où les tanuki maîtrisent le Grand Art de la Métamorphose et parviennent jusqu’à se glisser parmi les humains en prenant leur apparence. Une véritable guerre stratégique s’engage contre l’expansionnisme démesuré de notre espèce. Toutefois, les tanuki sont des animaux plutôt placides et amicaux et leur concentration dans la guerre de longue haleine est quelque peu difficile. Mais ils mettront tout leur coeur pour préserver ce qu’il leur reste de territoire.
S’adressant au plus grand nombre, le film peut être vu par tous et différents niveaux de lecture s’offrent au spectateur. Chacun y trouvera son compte, au premier comme au cinquième degré. Cependant, force est de constater que le rythme du film est considérablement ralenti par les nombreux monologues du narrateur et de nombreuses longueurs malvenues font leur apparition. La linéarité de l’action en fait également une oeuvre simple et sans surprise mais qui contentera tous les amateurs d’animation par une réalisation extrêmement soignée tant au niveau musical qu’au niveau graphique. On reconnaît bien là la patte du studio qui nous a offert des films comme Princesse Mononoke ou Le Voyage de Chihiro. Pompoko n’entrera pas pour moi dans les films les plus marquants du Studio Ghibli mais il serait tout de même dommageable de ne pas se rendre dans sa salle de cinéma préférée pour soutenir les tanuki dans leur effort de guerre.
Chronique publiée le
02
février
2006
par Christophe SAUVEUR