« Comment allons-nous rester liées ? »

Étrange de ne pas avoir déjà parlé de Nana dans les notes de ce blog alors qu’il s’agit pourtant d’un manga faisant partie de mes préférés. Cette erreur sera donc réparée à partir de maintenant.

Nana, le manga, relate l’histoire de deux jeunes femmes au destin compliqué et tortueux partageant ce même prénom japonais. OSAKI Nana (Nana O pour les intimes, ou tout simplement Nana) et KOMATSU Nana (Hachi) se rencontrent par hasard dans un train alors qu’elles se dirigent toutes les deux vers leurs nouvelles vies respectives à Tokyo. Nana O est une chanteuse punk, indépendante et sûre d’elle, alors qu’Hachi est étudiante en art et loin d’être aussi indépendante mais souriante et rêveuse. De cette rencontre fortuite vont naître une grande amitié et deux destins croisés particulièrement tourmentés.

La première précision à apporter concernant Nana est que ce mot, en plus d’être un prénom, signifie 7. C’est d’ailleurs de cette particularité que vient le surnom de KOMATSU Nana, Hachi, qui signifie 8. Le chiffre 7 se retrouvera tout au long du scénario. Mais le souvenir le plus frappant pour moi reste le numéro de l’appartement que vont louer ensemble les deux Nana. Peu après leur arrivée à Tokyo, Nana et Hachi entament des vies séparées. Mais le destin va les rapprocher de façon amusante. Alors que chacune cherche un appartement, elles vont finir par visiter en même temps et sans préméditation le fameux n°707 qu’elles décideront d’habiter ensemble. Dans ce petit trois pièces idéalement situé, elles vont apprendre à se découvrir, à se faire du mal et à se réconcilier. Jusqu’à la séparation…

Hachi est une énorme fan du groupe Trapnest. Ren, le guitariste, est l’ancien petit ami de Nana. Son arrivée à Tokyo aura tôt fait de remettre leur histoire au goût du jour. Mais Nana est venue dans la capitale pour monter son propre groupe : les Black Stones, Blast. Après des histoires difficiles, Hachi rencontrera Nobu, membre de Blast. Mais, le destin tortueux d’Hachi la poussera à se jeter dans les bras de Takumi, leader de Trapnest et coureur de jupon reconnu. Chacune va alors partir de son côté : Nana s’angoissant pour Hachi, Hachi tombant enceinte de Takumi, … S’il vous semble que ce résumé se complique et devient difficile à suivre, c’est que le scénario de Nana est d’une densité rare. Onze volumes sont aujourd’hui parus dans nos contrées et de nombreux autres nous attendent encore. Le chemin parcouru par les deux jeunes femmes durant ces quelques 2000 planches est considérable et n’est pas terminé.

Vous l’aurez compris, Nana n’est pas un manga aussi léger que son titre aurait bien voulu le laisser croire. Tromperies, manipulations, non-dits, expériences inédites constituent le quotidien des deux héroïnes, mais toujours à échelle humaine. Nana est un manga profond où les sentiments des protagonistes ressurgissent inévitablement sur le lecteur, bruts et sans concession. Par chance, le trait si particulier de YAZAWA Ai vient adoucir l’atmosphère pour nous permettre d’accepter ce récit dans son ensemble, dans toute sa dimension humaine, en rajoutant la petite touche d’humour et de sensibilité qui fait cruellement défaut à certains évènements extrêmement durs que peuvent vivre Nana et Hachi, mais aussi leurs compagnons de voyage.

Quoiqu’il en soit, je vous conseille vivement de vous plonger dans l’univers de Nana. On y parle d’amour, de musique, de mode et encore d’amour. Si tous ses sujets vous indiffèrent totalement (quel dommage), il serait toutefois préférable de passer votre chemin. Mais, gardez l’esprit ouvert. Pour les autres : qu’attendez-vous ?

Chronique publiée le 23 juin 2005
par Christophe SAUVEUR