Japan Expo 2008 : Stands et Programme
Une fois entrés, nous pouvons à présent découvrir l’intérieur du salon. Une chose est certaine, la devise du “toujours plus grand, toujours plus fort” aurait du servir de slogan pour cette édition 2008.
Naruto… encore et toujours
Impossible de rater l’immense statue de près de 10 mètres à l’effigie de Naruto trônant fièrement au milieu du stand Kana et dominant la totalité du salon par sa hauteur. Véritable point de repère pour les malchanceux qui se seraient égarés parmi les allées interminables de Japan Expo. Mais Naruto n’était pas le seul à être à l’honneur.
Shônen Jump, 40ème anniversaire
Difficile de faire l’impasse sur cet événement majeur dans l’histoire du manga. C’est en effet en 1968 que fut lancé le plus grand magazine de prépublication shônen de l’archipel nippon. Voilà donc 40 ans que la revue hebdomadaire est née. Elle aura compté dans ses rangs des manga mythiques comme Dragon Ball, Slam Dumk, Mazinger Z et bien d’autres comme One Piece ou Naruto. Un très bon récapitulatif figure d’ailleurs dans le numéro 143 d’Animeland.
Plusieurs stands spéciaux étaient donc répartis sur le salon pour fêter cet anniversaire pas comme les autres. Une exposition présentant des planches originales de Death Note, Dragon Ball, Bleach et autres Naruto trônait en bonne place au centre des stands des éditeurs français. Une exposition en association avec Kaze présentait des character designs d’Hokuto no Ken - l’Ere de Rao avec des reproductions taille réelle des personnages principaux. Plus amusant, un Tony Tony Chopper géant de One Piece se laissait gentiment prendre en photo sur un stand spécial présentant l’édition en vidéo de la série (nous avions également droit à la “Parade One Piece” plusieurs fois par jour avec l’équipage de chapeau de paille au complet).
Et la Fête devint une Foire…
Tous les stands n’avaient malheureusement pas la même superficie. Quand l’exposition Shônen Jump ou le stand Kana réservait près de 100 m² sinon plus pour leurs besoins personnels, d’autres comme Doki Doki ou Kami devaient se contenter de surfaces beaucoup beaucoup plus petites. Le cynisme de certains aura laissé sous-entendre qu’ils ne pouvaient pas être ailleurs mais, comme toujours, les locomotives ont éclipsé les wagons. Les séries du Weekly Shônen Jump, tant à l’honneur cette année, auront été l’arbre qui cache la forêt.
Mais ce n’est pas tant sur ce constat récurrent que pourrait se porter les critiques négatives. Avec plus de 300 stands cette année (exposants professionnels et amateurs confondus), Japan Expo poursuit son expansion qui prend malheureusement une tournure tragiquement consumériste. Pour exemple, le stand JE Shop, véritable magasin pour produits dérivés de la convention : posters, t-shirts, badges, tout y passe. Loin de nous l’idée de tomber dans l’utopie philanthrope, mais force est de constater que Japan Expo semble être tombé dans une logique de rentabilité à outrance.
Le Programme
Le planning du salon confirme une fois de plus le sentiment général. Beaucoup d’effets mais peu de résultats. Nous reviendrons plus tard sur la liste astronomique des invités présents cette année, mais attardons-nous dans un premier temps sur les conférences.
Première chose surprenante, aucune conférence avec les éditeurs français n’était prévue. Pourquoi ce retrait ? Pourquoi ne pas avoir laissé la parole à ceux qui font notre marché du manga ? A l’exception de la remise du prix ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande-Dessinée, regroupant des journalistes spécialisés et provenant de tous les médias), il était impossible d’entendre les éditeurs sur leur position par rapport au marché actuel.
Pourrait-on voir là un début de conflit entre les organisateurs et les responsables éditoriaux ? C’est en tout cas ce que pourrait laisser penser les mots toujours bien sentis de Dominique Véret lors de la cérémonie des Japan Expo Awards et de la remise du prix ACBD Asie, durant lesquels il n’a pas caché son indignation face à la tournure profondément consumériste que prend le festival. Dominique Véret n’est pas un débutant dans le milieu puisqu’il est, entre autres, fondateur de Tonkam et actuellement à la tête d’Akata qui gère la collection manga des Editions Delcourt. Pour vous faire une idée du personnage, je vous suggère de consulter cette interview sur sa vision du seinen en France. Succulent !
Malgré l’absence des conférences éditoriales, le programme comprenait tout de même des moments intéressants comme la présentation des 150 ans des relations franco-japonaise, en partenariat avec l’ambassade du Japon en France, commémorant l’anniversaire de la signature du premier traité entre nos deux pays. Cette lecture était animée par Claude Yoshizawa et retraçait les événements qui ont conduit à ce traité et l’évolution de nos relations avec le Japon depuis lors. Un moment d’histoire très instructif.
Malheureusement, hormis cette conférence et les quelques autres traitant de la vie au Japon et du regard des japonais sur la France, les autres “conférences” tenaient plus de la démonstration marketing que du véritable apport culturel à la convention. Par exemple, derrière le titre “Je parle japonais” se cachait en réalité une présentation plus ou moins interactive du site jeparlejaponais.com. Certes la méthode est intéressante et relativement inédite sur le marché français, mais autant annoncer clairement qu’il s’agissait d’une publicité… Idem pour la session nommée “Les nouvelles façons de lire les manga” qui n’existait véritablement que par la présentation d’une nouvelle technologie à mi-chemin entre manga et anime pour diffuser d_e_ la bande-dessinée sur téléphone mobile appelée AVE et promue par la société Aquafadas / AVE!Comics. Une nouvelle fois de la promotion à peine déguisée derrière un rapide récapitulatif de l’évolution de la bande-dessinée et des formats de diffusion. D’autant que cette “technologie” n’a pas grand chose d’innovant et nous a laissé totalement sceptique.
Vous l’aurez compris, jusque là le programme de ce Japan Expo avait de quoi laisser perplexe. D’autant que, pour cette édition 2008, Japan Expo faisait partie intégrante du salon Kultiverse, le “Salon des Univers Culte”, aux côtés des festivals Asikult, Kultigame et Kultima. On est en droit de s’interroger sur la pertinence de ce mélange car il est clair qu’il s’agit plutôt de profiter de la popularité de Japan Expo pour éventuellement faire “décoller” ces festivals annexes. Rappelons qu’en 2007, ces trois festivals avaient été adossés à Chibi Japan Expo et que la manifestation avait rassemblé 18000 visiteurs (soit environ 4 fois moins que Japan Expo). Mais là où cette intégration laisse véritablement un goût étrange reste tout de même le manque de communication à ce sujet. Tout au long de l’année, Japan Expo seul a véritablement été mis en avant et ce n’est que quelques semaines seulement avait l’ouverture que cette mixité nouvelle a été largement découverte. Il est aisé de ce point de vue de comprendre que la majorité des visiteurs viendrait principalement pour les invités et la culture japonaise. D’autant que les frontières entre les festivals, s’il en existait, étaient purement invisibles, de même pour les programmes, totalement mélangés et pour lesquels il était très difficile d’identifier l’appartenance de telle ou telle activité à un festival donné.
Heureusement pour nous, la liste des invités de cette édition 2008 de Japan Expo était à la hauteur pour compenser les défaillances du programme.
Chapitre suivant : Les Invités
Dossier publié le
13
juillet
2008
par Christophe SAUVEUR