Gon
« Ne vous laissez pas prendre au piège des apparences... »
Paru pour la première fois en Août 1995 dans nos contrées, ce manga en 7 volumes de Masashi Tanaka a la particularité de ne comporter aucun dialogue, aucune onomatopée, toute la narration passe par le dessin de l’auteur. Force est de constater alors que chaque planche pousse à l’émerveillement tant le dessin de Tanaka est d’une précision redoutable.
Mais revenons-en au personnage principal de cette oeuvre incontournable. Gon est en quelque sorte un rescapé de la disparition des dinosaures. Sans que son espèce ne soit clairement identifié, ce petit morceau du jurassique a tout du saurien sauvage qui arpentait nos vertes prairies il y a 65 millions d’années mais en plus sympathique. Tout de moins, ne vous fiez pas aux apparences comme l’indique si bien les quatrièmes de couverture de l’édition française réalisée par Casterman. Gon semble mignon et joueur, il n’en est rien. Forte tête, rancunier, quasiment invulnérable, il peut vous en faire voir de toutes les couleurs. En tout cas, ce sont ses confrères du règne animal qui en feront les frais, car la totalité du manga se déroule dans la nature la plus sauvage qui soit. Forêts, savanes, glaciers, déserts feront connaissance avec les pieds trapus du petit monstre. De belles ballades en perspective.
Si le dénuement textuel total peut choquer au premier abord, il est très improbable que les histoires que nous content Tanaka demeurent incompréhensibles tant son dessin et son découpage permettent de mettre en évidence le mouvement et l’action, d’autant que la majorité des scénarii ont pour fondement l’instinct animal que Gon incarne totalement. Chaque chapitre est indépendant des autres et le seul personnage récurrent reste Gon, ce qui évite au lecteur de se plonger dans un long récit avec de très nombreux rebondissements et complications. La seule exception est le volume 5 qui n’est qu’un seul et même long chapitre quand les autres en comportent trois ou quatre.
Malgré cet aspect « manga champêtre », il faut retenir que Gon est une oeuvre profondément encrée dans la nature mais qui dit nature dit aussi loi de la nature avec tout ce que comporte de cruel le règne animal. En cela, certains passages pourraient choquer les plus jeunes et c’est pourquoi je ne conseille pas la lecture de Gon à tous malgré son aspect kawaii qui ferait certainement fureur dans les cours de récré.
Chronique publiée le
03
mars
2006
par Christophe SAUVEUR