Si Ai Yori Aoshi parle d’une seule chose, c’est bien d’amour. Sakuraba Aoi est une jeune femme éduquée depuis l’enfance dans le seul but de devenir la femme de son promis Hanabishi Kaoru, qu’elle n’a vu qu’une seule fois alors qu’ils n’étaient encore que des enfants. Malheureusement, Kaoru décide de quitter son clan et le mariage arrangé est annulé. Mais c’était sans compter la détermination d’Aoi qui continue d’espérer et de poursuivre son rêve de se marier avec Kaoru. Un jour, elle fugue pour partir à sa recherche avec une fausse adresse comme seul indice. Le destin fait heureusement parfois bien les choses puisque leur rencontre a bien lieu, de façon tout à fait fortuite. De là, va naître leur histoire.

En utilisant dès le départ une histoire d’amour très atypique, Ai Yori Aoshi intrigue. Malheureusement, la suite du scénario n’est pas aussi profonde. L’anime décrit en 24 épisodes l’évolution naturelle et sans heurts particuliers de la relation qui unit Aoi et Kaoru. Étrangement, le jeune homme répond à l’amour d’Aoi sans réticence, sans même se poser de question. Certes, il est un célibataire de longue date et Aoi est très désirable. Mais, en dehors de ces aspects purement libidineux, Kaoru accepte Aoi comme future femme désignée presque machinalement, comme si le destin en avait décidé ainsi et qu’il ne puisse pas aller à l’encontre de cet état de fait. Mais ce détail particulier est assez révélateur de la platitude dont fait preuve la série. A l’exception de deux épisodes « majeurs », aucun obstacle important ne viendra se mettre en travers du chemin des deux amoureux. Tant et si bien que les épisodes s’enchaînent sans qu’on est vraiment l’impression d’avancer. On en vient à penser que les personnages évoluent dans un monde sans crime, sans haine et sans difficulté. Une sorte de paradis scénaristique, où bonté et joie de vivre sont les maîtres mots. Mais, de ce manque d’aspérité découle un manque de charisme des principaux protagonistes. Aoi et Kaoru sont d’une platitude consternante.

Sans surprise, Aoi représente la femme au foyer japonaise traditionnelle, yukata inclus. Parfaitement accomplie, elle est capable d’assumer les corvées de la maison à elle seule, malgré sa lignée de bonne famille. De son côté, Kaoru incarne le futur mari exemplaire : toujours serviable, travailleur et d’une disponibilité à toute épreuve. S’il n’y avait pas les personnages secondaires tels Tina et Taeko pour relever péniblement le niveau humoristique de l’ensemble, il ne serait pas rare de s’endormir devant son écran tant le rythme de l’anime est lent. Ai Yori Aoshi parle de sentiments amoureux ? Oui, mais Ai Yori Aoshi ne parle que de ça ! Toutefois, point de triangle amoureux, point de tromperie, point de mensonge. Aoi aime Kaoru et cet amour est réciproque. Et rien ne viendra ne serait-ce qu’ébranler ce constat de départ. D’où une tension narrative proche du niveau zéro. Cependant, ce défaut est à mettre au crédit du manga, puisque l’anime suit avec une grande fidélité le déroulement des premiers volumes reliés. L’originalité ne semble pas être ici au rendez-vous.

Par chance, tout n’est pas négatif. Même si Ai Yori Aoshi ne bénéficie pas du meilleur des scénarii, la série éditée par Déclic Images en deux coffrets DVD de 12 épisodes bénéficie d’une qualité graphique exceptionnelle. Pour preuve le magnifique opening et les nombreux décors peints dont regorge l’anime. L’animation n’est pas en reste. Malgré un rythme lent, les mouvements des personnages ainsi que leurs expressions ont reçu un soin et une finition tous particuliers. Côté character design, en supplément du trop fréquent fan service, les personnages arborent un lifting très appréciable par rapport à leurs équivalents papier. Ils sont plus fins, plus vivants, par certains aspects moins grossiers que dans le manga. Mais, au final, tous ces bons points ne suffisent pas à compenser les trop gros manques d’Ai Yori Aoshi. Dommage, les personnages parviennent parfois à devenir attachants mais leur manque de profondeur de caractère nous fait vite oublier ces nouveaux liens affectifs.

Chronique publiée le 03 décembre 2004
par Christophe SAUVEUR