« Je me demande... quelle image je donne aux gens autour de moi »

Comme pour beaucoup de manga ou d’anime ayant suscité un intérêt particulier auprès du public, je prends le train en retard en ne découvrant le phénomène KareKano qu’au moment de la sortie du premier tome du manga. Mon ignorance était totale sur ce titre et le voir arriver subitement chez mon libraire a attiré mon attention, et quelle bonne chose.

MIYAZAWA Yukino et ARIMA Soïchiro sont les deux chefs de leur classe et forment l’élite de leur lycée : brillants élèves, dossiers scolaires exemplaires, aptitudes physiques au-dessus de la moyenne. Deux esprits sains dans deux corps sains. Enfin pas tout à fait. Tous les deux sont en réalité des imposteurs de première ordre. MIYAZAWA la première. Elle se fait passer pour une élève modèle car elle apprécie énormément (et le mot est faible) attirer l’attention de ses camarades et enseignants. ARIMA lui aussi joue le rôle de l’élève brillant mais pour des raisons bien différentes qu’il est préférable que je vous laisse découvrir. Tous deux se retrouvent assez rapidement en compétition, MIYAZAWA ne supportant pas ce nouvel « ennemi » qui risque de mettre en péril le petit monde fragile qu’elle s’est construit.

Cependant, c’était sans compter sur les sentiments d’ARIMA à son intention. Voilà un des principaux thèmes de ce shôjo qu’est Elle et Lui : l’amour. Certainement pas très original vu sous cet angle, le manga de TSUDA Masami mérite pourtant que l’on s’y intéresse de près. Comment ces deux imposteurs-nés vont-ils pouvoir vivre une belle histoire ensemble s’ils ne s’ouvrent pas l’un à l’autre ? Comment vivre une relation épanouie sans sincérité ? Voilà deux des questions posées par le scénario et auxquelles l’évolution de MIYAZAWA et ARIMA devrait donner une réponse. Elle et Lui nous présente une histoire d’amour qui, sans être banale, est tout simplement humaine, bien loin dans la forme d’un Global Garden ou d’un D.N. Angel.

Sur le plan graphique, le manga ne manque pas de charme malgré quelques défauts de finition. Les personnages, même principaux, sont parfois dessinés avec une certaine irrégularité. Il arrive également que les cadrages et les découpes frisent l’anarchie tant les pages peuvent être chargées. Cependant, en dehors de ces considérations bien tatillonnes, le titre arbore fièrement un trait léger qui convient parfaitement au thème abordé.

Pour terminer, je ne peux que vous conseiller ce manga frais et pas si léger que l’on pourrait le croire au premier abord. Je regrette toutefois le soin limité apporté par Tonkam à son édition. Certes des titres comme Zetman présentent l’avantage de « faire l’événement » mais pourquoi seraient-ils les seuls à bénéficier d’un traitement exceptionnel ?

Chronique publiée le 12 juin 2005
par Christophe SAUVEUR